La légende du lait d’or

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Bienvenue sur ce premier jet de texte et de mots qui sont sortis seuls de mon esprit… J’ai participé à une session d’art-thérapie et j’avais choisi le golden latte comme objet d’un exercice. Le golden latte, c’est le lait d’or ici dans ce texte. Avertissement : ceci n’est pas forcément une recette à suivre (!). Bonne lecture ! Vos retours sont les bienvenus. Merci à tous mes lecteurs.

— Mais dis donc, comme ça sent bon ! Et cette odeur, elle est agréable mais bouleversante !

Tous les mercredis, Anya entendait cette remarque de 80 % des clients, hommes comme femmes.

— Mais c’est vrai, cette odeur est vraiment enivrante ! Il faut que tu nous donnes le secret de cette boisson Anya, renchérit Philippe, le client le plus sympathique du café.

La vérité, songeait-elle, c’est que même si je vous donnais cette recette, c’est une expérience. Transmettre ce qui était impalpable était une affaire bien compliquée. Elle laissa Sandy s’occuper de la prise des commandes, salua les clients et les touristes de passage et s’en fut à son endroit préféré : derrière les fourneaux.

Elle traversa la pièce, qui dégageait effectivement des effluves d’odeurs chères à son cœur, qui la ramenaient loin, si loin… De nombreux ustensiles ornaient les murs tandis que les mets, les pots d’épices, les légumes et fruits frais étaient disposés sur les plans de travail. Elle huma le tout, ce qui l’emplit d’énergie pour se remettre au travail. Elle attrapa au vol cette casserole en cuivre, cadeau de sa grand-mère, dont Anya avait l’usage exclusif.

Pendant que le lait de coco frémissait lentement, doucement, elle y ajoutait progressivement le curcuma fraîchement râpé, le gingembre du jardin de Man Jo, la cannelle grosse écorce en morceaux grossiers, le poivre de la Jamaïque. Une pointe de gousse de vanille et le tour était joué. La couleur jaune si chère à ses yeux la ramena auprès de ses muses : ses grands-mères. Une photo des deux femmes trônait au-dessus des placards. Un souvenir d’un repas de famille qui restait gravé dans les mémoires. Elle leur était si reconnaissante. Ce sont leurs regards bienveillants et célestes, et cela Anya en était certaine, qui avaient permis au café de grandir et de prospérer jusqu’à devenir cet ensemble de franchises répandues sur toutes les îles de la Caraïbe.

Cette prospérité était due à cette boisson, si chère à son cœur : le lait d’or, qui avait séduit les tout premiers clients.

Anya se remémora cette conversation qu’elle avait eu à l’âge de 10 ans avec sa mamie. Elle était gravée en son cœur, des mots que l’usure du temps n’avaient pas réussi à déformer dans son esprit.

« Cette couleur or ma chérie, rappelle-toi de la fixer. C’est celle du soleil, de l’énergie et de la joie qui je le sais, te caractériseront toute ta vie, même quand il fera nuit.

Le lait de coco te rappellera comment ce fruit donne en abondance, de l’eau, du lait, de la crème et une noix magnifique, enviée par beaucoup de pays du monde. Le gingembre est un tubercule, qui porte des racines solides. En te transmettant humblement ce que j’ai et ce que nous te donnons tous dans cette famille, par ce que tu es et que tu seras, le reste suivra. Ce sont ces racines qui te donneront des ailes.

La cannelle te rappellera de te méfier des apparences, tout comme l’est cette écorce. Une écorce qui parfume bien plus que ce que son apparence pourrait bien laisser penser. Une écorce solide, qui peine à rompre, symbole de résilience.

Le poivre de la Jamaïque a l’odeur des quatre épices. Est-ce que son nom rend compte de toute sa valeur et de tous ses arômes mélangés ? L’occasion de te rappeler que les gens comme toi-même, peuvent être multifacettes, pour le meilleur et le pire. Cela veut dire que si un chapitre se finit un autre commence. Surtout ne t’arrête pas en chemin.

Enfin, le plus important : le curcuma est aussi un tubercule. C’est une plante utilisée par nos ancêtres depuis très longtemps et présente dans la médecine ayurvédique, notamment pour lutter contre l’apparition des cancers. Pour te rappeler qu’il est important de prendre soin de toi pour donner aux autres.

Alors quand tu prépares et que tu bois le lait d’or, pense à y mettre un amour pur. Mets tes soucis de côté et concentre-toi sur cette couleur jaune. »

— C’est fort ce que tu dis Mamie ! J’essaierai de retenir tout cela. Mais pourquoi tu n’as rien dit sur la vanille ?

— Ah, tu suis tout doudou ! C’est bien ! Alors tu le comprendras plus tard, mais tout n’a pas besoin d’explication. C’est ce qu’on appelle le mystère. Tout comme les plantes ne justifient pas de leur existence et éclosent quand même, je vois la vanille dans le lait d’or de cette même façon : les gousses sont elles, elles sentent bon. Personne ne leur demande de jouer un rôle… Elles existent pour le plaisir d’exister.


C’est ainsi qu’on attirait le chaland dans ce café mythique et que la légende était bel et bien née. Beaucoup avaient essayé de reproduire cette recette mais le goût en était inimitable. Cette anecdote avait parcouru toutes les îles de la Caraïbe. Les journalistes, curieux et friands de ce genre d’histoires, en avaient fait l’objet de nombreux articles et chroniques. Mais d’aucun ne pouvait en capter l’essence.

Le lait d’or était un rituel initiatique, un voyage au cœur des mots, des maux et de la transmission d’amour.


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Passionnée de lecture, j'ai fait de mon amour des mots le cœur ma profession puisque je suis correctrice. Faire émerger des plumes et les accompagner est pour moi extrêmement gratifiant.

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