En faisant du tri cette année, j’ai repensé à ce vieux cahier rouge aux pages écornées. C’était mon cahier d’ado, un cahier de prières, d’histoires… et d’écriture. Je me suis donc mise en quête de le chercher parmi mes affaires en Guadeloupe, lors de mon dernier séjour éclair. Je n’ai rien trouvé jusqu’à mon retour dans la grisaille. C’est avec un peu d’émotion que je suis revenue plus de 10 ans en arrière. Je l’ai tellement cherché ! C’était fourré quelque part dans une boîte. Copie conforme, c’est l’histoire de jumelles qui se retrouvent. J’ai l’impression de me mettre à nu tant je juge cette histoire mal écrite. Mais je la vois comme une étape dans mon cheminement. J’ai donc choisi de l’exposer ici sans correction.
« Je m’appelle Eléonore. J’ai 15 ans. Je vis avec mon père Jean-Paul et ma mère Iris. Je réside dans une demeure agréable à la campagne, autour de Paris, à proximité des banlieues parisiennes. Je suis née, ici, en France, mais mes parents sont d’origine antillaise, plus précisément de la Guadeloupe.
Je vais souvent en Guadeloupe pour passer mes vacances. Mes parents viennent avec moi tout le temps dans ces séjours. Ils m’y protègent plus qu’en France. Je ne peux jamais sortir toute seule, même en journée. Au début, j’ai toujours pensé qu’ils me cachaient quelque chose, mais cette idée s’est envolée au fil du temps…
Je suis également fille unique. Parfois, je me dis que c’est mieux ainsi. Mais quelques fois, je trouve cette situation ennuyante […].
***
Un jour, quand j’étais en vacances en Guadeloupe, j’ai cru apercevoir une fille comme moi, on aurait dit mon double. Puis je me suis dit que c’est mon imagination qui me jouait des tours. Le soir, j’ai parlé de mon hallucination à mes parents.
— Papa, Maman, aujourd’hui j’ai eu une hallucination.
— Laquelle, Eléonore ? me demanda ma mère.
— J’ai cru apercevoir mon double. J’ai aperçu une fille identique à moi. C’est comme si nous étions deux gouttes d’eau.
— Ah bon ! Tu as peut-être raison, c’est sûrement le fruit de ton imagination, a répondu maman, le visage soudainement inquiet.
La nuit venue, mes parents discutèrent en chuchotant, croyant que je dormais paisiblement dans mon lit. Seulement voilà, après cette discussion mystère et notre dialogue du dîner, le doute s’est installé en moi.
***
Cela dura quelques jours. J’éprouvais toujours ce sentiment de mystère. Jusqu’au jour où… La même fille de mon imagination passa devant ma maison de vacances. Elle me regarda curieusement, complètement interloquée. Je m’approchai de la grille du jardin et je lui demandai :
— Que fais-tu ici ? C’était la seule question qui me soit venue à l’esprit.
— J’habite à proximité de ta maison, me répondit-elle avec un gentil sourire qui m’étonna.
— Moi, je suis Eléonore. Je suis ici en vacances. Ne trouves-tu pas singulier que nous nous ressemblions ainsi ?
— Oui, je trouve cela fantastique tout de même, me répondit-elle.
— Comment t’appelles-tu ?
— Je m’appelle Emeline, m’affirma-t-elle, d’un ton d’excuse.
Nous fûmes interrompues par sa grand-mère qui la héla très fort :
— Emeline que fais-tu là à flâner ? Ne t’ai-je pas envoyée faire des commissions, cria-t-elle en colère.
Puis, tout à coup, elle se tut. Elle m’avait peut-être remarquée. Elle m’observa, toute effarée. Elle m’invita à venir chez elle ; c’est ce que je fis, suivie par Emeline. Comme mes parents dormaient, il n’y avait aucun risque.
Je rentrai dans sa maison. Je vis un homme, qui était sûrement le grand-père d’Emeline. Je ne sais pas moi, où vivent mes grands-parents. Et pourtant…
La grand-mère d’Emeline me demanda :
— Connais-tu Éléonore GONTRAN ? me posa-t-elle en tremblant. J’étais suffoquée.
— Éléonore GONTRAN… Eleo…
— Mais vas-y, parle, dit la grand-mère de plus en plus anxieuse…
— Éléonore GONTRAN… c’est moi !
— Oh non… Eh bien, tu sais Emeline, c’est ta sœur lui dit la grand-mère.
Désormais, je compris tout. Je n’avais pas besoin d’explications. Emeline est ma sœur et ma COPIE CONFORME. C’est tout. Sans plus. Emeline et moi nous nous serrâmes dans les bras. »
Je compte enrichir ce texte et le poursuivre… et voir où cela nous mène. C’était le premier volet de la série « Chemin d’écriture ».
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